Par Mathilda May
Au-delà des mots
Mon écriture scénique est née d’un mélange et d’un désir. Le mélange des différentes disciplines pratiquées (la musique, la danse, le jeu) et le désir de créer un langage multiple, hybride et décloisonné.
Le choix de ne pas utiliser de mots dans mes spectacles s’explique entre autres, par l’envie de stimuler le spectateur en sollicitant son sens de l’observation, histoire de se connecter le plus directement possible les uns aux autres par l’immédiateté du ressenti.
Ce langage organique et sans frontières rend le geste d’autant plus parlant qu’il n’est pas accompagné par la parole. Il peut alors prendre tout son sens propre, sa pleine dimension, son rythme et son élan, en partant du cœur de la vérité du sentiment, vers l’action. Travailler
l’expression physique permet d’alterner la puissance narrative du moindre détail, et l’amplitude des grands mouvements dans l’espace scénique.
La présence de la musique et l’approche sonore sont les éléments moteurs de mon vocabulaire. Plutôt utilisé au cinéma, le « Sound design » offre sur scène par sa force évocatrice, une perception immersive sans limites. Subtil ou imposant, le son exacerbe l’aspect comique, dramatique, angoissant ou absurde de certaines situations, redéfinissant la perception du réel.
La contrainte de l’enfermement est un thème central dans le choix des sujets explorés. La cohabitation reflète à la fois ce à quoi nous ne parvenons pas à échapper et le théâtre de tous les possibles. Que ce soit à longs termes dans le monde du travail pour «Open Space», à courts termes dans une soirée de mariage pour «Le Banquet», ou par le biais de l’isolement choisi dans «Monsieur X», il est toujours question du vivre ensemble ou du rapport à l’autre. Donner à voir ce qui nous rassemble ou nous divise, ce qui nous représente à nous-mêmes dans notre difficile et éphémère condition, se mélanger, tant bien que mal… et rire de tout ça !
Quoi qu’il en soit, la parole est résolument donnée aux corps. Grotesques ou sublimes, qu’ils s’évitent, se heurtent ou fusionnent, ils racontent et révèlent l’indicible.
Mon théâtre s’aventure dans l’infinie richesse du comportement humain, pour chercher à illustrer joyeusement à la fois l’impossibilité et l’enchantement du vivre ensemble.
Ateliers & Stages
Pour donner accès à cette expression, je propose des exercices ludiques qui développent la confiance et surtout, la créativité. Et les résultats sont assez spectaculaires. À tel point, qu’ils m’ont permis de découvrir une certaine force thérapeutique dans cette approche.
Les techniques que je soumets sont simples, accessibles, drôles et ouvrent sur un autre rapport à soi, au jeu d’acteur, à sa propre représentation, et au rapport à autrui. Elles permettent de s’ancrer concrètement et physiquement dans un personnage, une histoire, une situation ou un contexte et de donner libre court à son imaginaire.
Cette méthode offre aussi une plus grande autonomie et permet de prendre la pleine mesure de l’immensité du champ d’actions, et du potentiel expressif du geste . Elle éveille les sens.
Dans un cadre d’entraide, qui réveille l’imagination, il s’agit développer l’expression de chacun tout en valorisant les sensibilités, les singularités, les différentes réceptivités, et en multipliant les axes et les façons de concevoir sa présence à l’autre ou plus largement sa place et son rapport au monde. Les rivalités disparaissent alors, au profit de la complémentarité. Et chacun s’épanouit au contact de son prochain. Visant une connexion plus directe et plus organique entre les personnes, cette démarche entraine de fait, l’approfondissement et l’élargissement des rencontres.
Cette école du corps peut concerner toutes les générations, soit dans le cadre de cursus associés à l’éducation nationale, soit en lien avec le Conservatoire de musique, de danse, ou le Centre d’arts plastiques, soit en lien avec des établissements de santé, ou encore avec des entreprises.








